Démarche artistique: 5 axiomes

La Fin Justifie les Moyens (et les Médias)

A première vue, chaque message a son média idéal. Certains messages passeront mieux en photo, d’autres en long métrage, d’autres en peintures, en poésie ou en installation.

C’est le droit d’un artiste de se limiter à un seul média, et de se spécialiser un maximum dans ce moyen d’expression. Personnellement, j’ai une préférence pour la vidéo, la photographie et le son/la musique. Même dans ce contexte je préfère être plus éclectique dans les moyens pour faire mieux passer le message. Même si je suis un mauvais poète et que je ne sais pas dessiner.

Le public est, depuis les années 60, habitué à des communications très fortes. Les messages publicitaires et politiques sont, d’un côté, défaits de tout ornement superflu. Et, de l’autre côté, ils sont remplis d’éléments subliminales, séducteurs, avec des allusions douteuses et pénétrantes pour être plus efficaces, et (surtout) diffusés en cross média. Pour toucher l’âme du public en 2020, il faut accrocher tous les sens du spectateur.

Chaque Processus est sacré

Chaque œuvre d’art (et chaque communication) est basée sur un processus, volontaire ou involontaire, conscient ou inconscient. Et ce processus est à la base des œuvres individuelles et dans l’œuvre de l’artiste dans sa totalité.

A partir du moment où un artiste a choisi/déclenché un processus pour une œuvre individuelle, il doit le respecter et assumer ses propres choix jusqu’au bout et accepter le résultat.

Dites Ce Que Vous Avez à Dire

L’idée de l’art pour l’art est tricheuse. Chaque communication, donc chaque art, se passe dans le contexte de la société où il est exprimé et transmet nécessairement un paquet de valeurs (et préjugés). L’idée de l’art pour l’art, ou de l’expression individuelle dans le sens romantique, est séduisante. Mais elle résulte en règle générale en du conformisme. Je respecte cette vision, mais je ne peux pas m’empêcher d’utiliser l’art comme un moyen d’expliciter mes idées et convictions.

Cependant, tout le monde a le droit (le devoir ?) d’interpréter les œuvres comme il en a envie.

Nous Vivons dans l’Histoire (ou : la langue est faite pour jouer, utilisez-la !)

Comme disaient bon nombre de sémiologues du XX siècle : « chaque expression est nécessairement intertextuelle ». Il serait regrettable de ne pas jouer avec les symboles, icônes et autres signifiants que nos ancêtres utilisaient déjà, de les mettre dans un nouveau contexte et de se réjouir des résultats inattendus.

Tout est relatif

Chaque opinion, chaque vision, même chaque religion est relative, tout comme les œuvres que je produis et les axiomes que je viens d’écrire. Ceci n’implique nulle part un manque de respect : nous pouvons respecter quelque chose qui n’est pas parfait (sinon nous ne pouvons rien respecter).

Le monde est régné par le hasard. Je ne vois pas de nécessité d’exclure le hasard et ses imperfections ni dans la création, ni dans la représentation de mes œuvres. Rien n’est fixe.

Quelques artistes qui sont/ont été importants pour moi

  • Erik Satie, pour la façon dont il a ignoré les normes et la rigueur avec laquelle il a poursuivi ses propres principes
  • John Cage, parce qu’il m’a appris à accepter le monde comme il est
  • Frederick Rzewski, parce qu’il m’a appris à ne pas accepter le monde comme il est
  • Joris De Laet, parce qu’il m’a appris l’importance des processus dans l’art
  • José Saramago, pour la même raison
  • Charly Morrow qui m’a appris que chaque événement peut être plus important. Ou plus petit.
  • La Fondation Logos qui brouille la frontière entre sculpture, événement et concert
  • Bill Viola, pour la réintégration d’un sens esthétique et du storytelling dans une forme d’art qui était purement expérimental
  • La Fura dels Baus qui m’ont démontré qu’il est toujours possible de passer un message d’une façon plus forte et plus intense
  • Robert Rauschenberg, pour l’expression forte dans son œuvre en intégrant les symboles et médias de son temps
  • Marcel Broodthaers, parce qu’il cherchait les moyens les plus performants pour passer ses messages et parce qu’il jouait avec la signification intrinsèque dans les médias qu’il utilisait
  • Les Primitifs Flamands pour avoir développé leur langage, ainsi que les compositeurs de l’Ars Nova
  • Ma femme Gerda Van Damme, sans commentaire.
  • Louise Bourgeois, dont l’araignée me vient toujours à l’esprit quand je pense à Bilbao
  • Marcel Duchamp, naturellement
  • Boris Vian, pour sa polyvalence, son humour et sa vision du monde